Rédacteur en chef adjoint du magazine Historia, Victor Battaggion considère la matière historique comme un outil indispensable à la compréhension de notre société contemporaine. Entretien exclusif sur le rapport des humanités classiques au journalisme moderne.
▲ Portrait intime de l’historien voyageur Victor Battaggion (©Babelio)
Pouvez-vous nous définir la notion de « journalisme historique » ?
Victor Battaggion : « Cette notion consiste en un travail de recherches sur des sujets historiques, en rapport avec l’actualité, par laquelle on comprend le présent. De cette manière, nous pouvons vulgariser cette histoire pour la transmettre à un large public, comme la famille. Tout simplement, nous sommes des passeurs d’Histoire, qu’on transmet avec passion aux gens qui nous lisent. »
L’Histoire occupe-t-elle encore aujourd’hui une grande place dans la presse française ?
Victor Battaggion : « Oui, et cette place dans la presse est même très importante. Les numéros se multiplient et les titres d’Histoire sont de plus en plus nombreux. Il y dix ans, Historia et L’Histoire étaient les deux seuls magazines spécialisés en Histoire. Les hebdomadaires (Le Figaro, L’Express, Le Point) s’appuient sur l’intérêt et l’appétence des Français pour la matière pour proposer des numéros Histoire et donc élargir leur lectorat. Historia est un véritable magazine d’Histoire, avec une belle marque qui doit être respectée et doit continuer à prospérer. »
« Il faut raconter l’Histoire, avec une réflexion journalistique de fond. »
De quelle manière procède le journaliste historique pour enquêter et rendre ses articles ? De ce fait, peut-on le considérer comme « l’Indiana Jones » de la presse ?
Victor Battaggion : « Notre travail consiste en un regroupement de sources historiques, pour raconter une histoire. À partir d’ouvrages de référence, de clichés photographiques ou même d’artefacts, on choisit un champ de recherche pour étendre les explications de notre récit. De ce fait, il faut raconter l’Histoire avec une réflexion journalistique de fond. Par ailleurs, pour revenir à cette référence amusante d’Indiana Jones, le journaliste spécialisé en Histoire n’est ni un archéologue ni un chasseur de trésors. Même s’il se déplace, mène des enquêtes historiques, découvre des éléments nouveaux qu’il rapporte à l’actu. Il faut de la passion pour se spécialiser en Histoire, car la matière est vaste et pleine de mystères inattendus. »
▲ Victor Battaggion au coeur de la conférence de rédaction du magazine Historia (©M&H)
Selon-vous, pour quelles raisons Historia réussit-il à demeurer la référence n° 1 sur le marché de la presse historique ?
Victor Battaggion : « Ce magazine intergénérationnel est un titre prestigieux, avec un public très fidélisé. De plus, la multiplication des titres, environ deux par mois, permet justement d’attirer plus de lecteurs. En particulier, les abonnés, qui sont de plus en plus nombreux et qui s’intéressent particulièrement à la manière dont on traite l’Histoire dans chaque numéro. »
Comment envisagez-vous l’avenir de la presse historique ?
Victor Battaggion : « Je ne pense pas que le phénomène va s’essouffler, mais au contraire qu’il va croître. L’essentiel aujourd’hui est de fournir un travail important sur le numérique afin de trouver de nouveaux supports et traitements journalistiques à l’Histoire pour entretenir cette passion, entre nous et le public. »
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