En 80 années d’existence, Charles de Gaulle a bouleversé à jamais le quotidien des français. Homme de caractère, celui qui s’est toujours battu corps et âme pour la France, reste dans notre conscience collective comme « le plus illustre des français ». Portrait d’un homme simple à la destinée extraordinaire.
Charles de Gaulle, chef emblématique de la France Libre dès le 18 juin 1940
Personnage le plus illustre des français, le futur général de Gaulle voit le jour le 22 novembre 1890 dans une famille catholique et patriote lilloise, rancunière de la défaite de 1870. Aîné d’une fratrie de quatre enfants, il se forge dès son plus jeune âge un esprit autocritique très influencé par l’injustice de l’affaire Dreyfus. Pour lui, la France est un grand pays qui s’attache aux souvenirs d’une nation d’hommes durs à la tâche. La France de la IIIe République est un état neuf qui est la garant de la culture laïque et démocratique, qui se place en seconde place mondiale de l’économie monde de 1914. Elève brillant, cet artiste autodidacte écrit son premier drame théâtral intitulé Une mauvaise rencontre. Il en dit d’ailleurs « La France ne peut être la France sans la grandeur […] Petit Lillois de Paris, rien ne me frappait davantage que les symboles de nos gloires : nuit descendant sur Notre Dame, majesté du soir à Versailles, Arc de Triomphe dans le soleil, drapeaux conquis frissonnant à la voûte des Invalides. ».
Portrait du jeune Charles, âgé de 10 ans en 1900
Jeune homme travailleur et attentif aux crises coloniales et autres tensions diplomatiques entre la France et l’Allemagne, il intègre en 1909 la prestigieuse école de Saint-Cyr. Excellent officier, réputé pour son humour caustique et son enthousiasme de la décision, il finit 13e sur 211 de sa promotion qui lui attribut, le titre de « Connétable ». Officier prêt au combat, il rejoint l’infanterie dans le 33e RI du Colonel Pétain, pour préparer le futur conflit mondial.
Charles de Gaulle, un Saint-Cyrien ambitieux, en tenue d’apparat
28 juin 1914, l’assassinat de Sarajevo plonge l’Europe dans quatre années de conflit sanguinaire. Dès l’attaque de l’Allemagne le 3 août, le 33e RI est affecté à la frontière belge. Dans la ligne de front de Dinant, il s’élance à la tête de ses troupes baïonnettes aux canons pour tenir un pont sur la Meuse. Blessé, il rejoint le front en 1915 pour combattre en Artois. Il découvre l’horreur de la Guerre des tranchées lors de la Bataille de Verdun en 1916 ou il combat comme un lion dans le secteur de Douaumont et reçoit dans un combat au corps à corps une nouvelle blessure à la jambe et laissé pour mort. Victime d’une odieuse captivité en Allemagne durant deux années et demi, il organise plusieurs tentatives d’évasions de sa prison de Bavière. Regret indescriptible pour lui, un stratège est né. Durant sa détention, il fait des interventions orales sur l’Art de la Guerre à des officiers plus âgés que lui.
Le capitaine de Gaulle en 1915
Il épouse le 6 avril 1921 à Calais Yvonne Vendroux et acquière le domaine de la Boiserie. Le chef de Bataillon de Gaulle jouit d’une belle réputation et ses écrits comme Vers l’armée de métier sont très sonnants dans l’esprit français. Commandant du 507e Régiment de chars, il voit d’un très mauvais œil la signature du traité de Paix de Munich. Son opinion s’accentue lorsque Staline et Hitler signent le pacte de non agression Germano Soviétique et que la Pologne est attaquée le 1er septembre 1939, début de la Seconde Guerre Mondiale. La France entre en guerre à la suite de cette agression et va vivre un an de drôle de guerre ou l’on attend l’attaque allemande. De Gaulle forme des divisions de cuirassés qui obtiennent l’approbation du Président de la République Albert Lebrun, notamment lors de leurs rencontres le 23 octobre 1939 en Moselle.
Charles de Gaulle et Yvonne Vendroux forment un couple uni au lendemain de la Libération
Mai 1940, la Blitzkrieg est déclanchée sur le Front de l’Ouest. De Gaulle lors de la Bataille de Montcornet réduit avec ses chars une poche de résistance allemande dans l’Aisne durant une semaine sanglante. Cependant la 4e DCR doit reculer vers Abbeville, submergé par les Panzers. Le 17 juin 1940, la France de Pétain se rend et De Gaulle se rend en Angleterre pour continuer la lutte.
Le colonel de Gaulle en manœuvre sur un char Renault R-35 dans les Années 30
Le 18 juin 1940, De Gaulle rendu en Angleterre et très proche collaborateur de Churchill fait son célèbre appel depuis les ondes de la BBC. Il explique les causes de la Défaite et le renouveau français dans la Guerre. Cet appel fonde la Résistance Française conclue par cette phrase célèbre : « Quoi qu’il arrive, la flamme de la Résistance Française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas ! ».
Le Général de Gaulle entre dans l’histoire en prononçant son fameux appel du 18 juin 1940
L’armée de volontaire réunis autour du Général s’appel la France Libre. Rassemblé sous le symbole de la Croix de Lorraine, leur but est de diriger l’effort de guerre de la France. Ils connaissent leur première victoire lors de la Bataille de Bir Hakeim. La première brigade FFL de Koening, contre l’avancée de l’Afrika Corps vers l’Egypte. Diverses unités combattantes vont participer à la Libération de l’Europe comme la 2e Division Blindée du Général Leclerc, de l’escadrille Normandie Niémen, de la 13e demi-brigade de la Légion Etrangère, le N°4 Commando de Kieffer et le 2e Régiment SAS du maquis de Saint Marcel. De Gaulle, chef de la France Combattante va unifier tout autour de lui la Résistance Française.
Le général de Gaulle en conversation avec des pilotes du corps FAFL en 1943
D’abord infime au début de l’année 1940, la Résistance lutte sur tout le territoire contre l’Armée Allemande. D’Abord civile à l’image des journaux clandestins comme Valmy où le trafique de faux papiers, elle passe à lutte armée le 22 juin 1941 à la station Barbès ou le Colonel Fabien abat froidement un officier allemand. Unifié à partir de 1942 par Jean Moulin qui crée le CNR, les maquis s’organisent et participent activement à la Libération du Territoire national. Les FFI, identifiables à leurs bérets, leur STEN, brassard et blouson de cuir, rendent libre Paris le 25 août 1944. Les Compagnons de la Libération ont joué un rôle prépondérant dans l’affirmation du GRPF dès l’après-guerre avec des héros comme Jean Moulin, Félix Eboué, Philippe Leclerc, Pierre Marie Koening, René Cassin, Thierry D’Argenlieu ou André Malraux.
Résistants FTP dans un maquis du Vercors, en 1944
Après sa traversée héroïque de Paris le 26 août 1944 ou il prononce ses paroles enflammées « Paris, Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé mais Paris libéré ! Libéré par lui-même, libéré par son peuple (…) C’est-à-dire de la seule France, de la vraie France, de la France éternelle » et son discours survolté de Bayeux en 1946, il va vivre une véritable traversée du désert. Il crée le parti du Rassemblement Pour la République pour rassembler les français. Cependant dans une IVe République qu’il ne comprend pas, il observe de loin l’échec militaire de Dien bien phû le ralentissement d’une société semblable à celle du Moyen-Âge.
La traversée du désert du Général de Gaulle vue par l’historien Jean-Yves Ferri
Le Gaullisme est une volonté politique devant assurer la Grandeur de la France. Fort d’idées appliquées entre 1958 et 1969, il veut rassembler son peuple dans une participation des entreprises, des citoyens, de la Culture à la Grandeur d’une Nation, qui à un rôle prépondérant a joué dans la Guerre Froide. A sa mort, le Président Jacques Chirac, s’appuiera sur les principes de son ancêtre pour faire une France Grande.
Affiche du RPF pour la campagne électorale de 1947
Le 13 mai 1958, la crise Algérienne et le déclin de la IVe République font ramener sur le devant de la scène le général de Gaulle. Le plus illustre des Français, réforme le gouvernement grâce au soutient du Président Coty. Le 21 décembre 1958, la Ve République est créée et les électeurs par référendum sont à l’origine de notre actuelle Constitution.
Une du journal l’Aurore datant du 2 juin 1958
La sanglante Guerre d’Algérie, de 1959 à 1962, prend fin suite à trois évènements majeurs. Le Putsch des Généraux d’Alger, l’attentat du Petit Clamart par l’OAS et les accords d’Evian sont à l’origine du déclin colonial français dans lequel on remet en cause entre autre l’utilisation de la torture par l’armée Française. La décolonisation de l’Afrique Noire, se fait dans la difficulté, De Gaulle rétablit l’image française par sa poignée de main solennelle avec Léopold Sédar Senghor en 1965.
Dans son allocution radio-diffusée d’avril 1961, le Général de Gaulle en uniforme annonce aux français, le Putsch d’Alger avec cette phrase : « quarteron de généraux »
Atout de poids dans le contexte politique de la Guerre Froide, il marque un désintérêt progressif aux Etats-Unis avec son retrait de l’OTAN. Ses frasques avec Khrouchtchev et Kennedy, marquent son désir de ralentir l’utilisation de l’Arme Nucléaire. Son discours de juillet 1967 où il prononce sa phrase « Vive le Québec Libre ! » marque une indignation américaine mais une popularité auprès des Mexicain qui l’élise représentant de la voix du Tiers-Monde.
Avec son discours de Québec en 1967, de Gaulle aggrave les tensions entre la France et les États-Unis
En France, il entreprend de grands chantiers industriels comme le Concorde, les barres de Sarcelles, le paquebot France ou encore le barrage de la Rance. Sous sa présidence de 1959 à 1969, le chef de l’État renforce son pouvoir exécutif grace a une majorité, émergente et légitime, issue des élections législatives. Le president une personnalité charismatique qui entretien sa côte de popularité avec des bains de foule comme au Mans ou à Verdun. Sa vision de l’Intendance est représentée par ses hauts fonctionnaires qui agissent directement sur les affaires intérieures. De Gaulle fait aménager le territoire français dans le but de limiter les inégalités régionales par le biais des ZIP et de la DATAR. C’est même sous son mandat, que les premières lignes de RER sont aménagées en région parisienne. Enfin, l’État est un acteur culturel qui s’engage pour le patrimoine historique français à l’image du transfert des cendres de Jean Moulin, le 19 décembre 1964.
Le président de Gaulle en visite à Verdun en 1968
Pour l’Europe, il fait marché commun avec la RFA dans le domaine du charbon et de l’acier ou il marque une forte réconciliation allemande avec le gouvernement de Konrad Adenaeur. Cependant, il est réticent au projet militaire de la CED qui d’après lui, enfreint le dispositif sécuritaire issu de la souveraineté Nationale. De plus, il mène pendant plus de six mois, la politique de la « chaise vide » qui consiste à s’opposer au vote à la majorité qualifiée prévue par les traités. En 1965, cette vision nouvelle du bloc occidentale, consiste à établir une CEE plus orientée sur le système d’une Europe des États. En outre, il mène une violente campagne de « bashing » à l’encontre du Royaume-Uni, qu’il juge trop proche et dépendant du modèle politique américain.
De Gaulle – Adenauer : renaissance de l’amitié franco-allemande
Lassé de ses interventions publiques, la crise de Mai 1968 est la plus grave de l’histoire de France. Mené par Daniel Cohn-Bendit, la jeunesse dorée parisienne s’oppose pavés à la main contre les CRS du chienlit. De la Sorbonne à Grenelle et partout en France, ces manifestations révèlent les difficultés du régime et l’important malaise d’une société française en pleine mutations. Pour apaiser les tensions, il profite de l’occasion de se trouver face aux caméras de Michel Droit pour déclarer de manière cynique : « pourquoi voulez-vous qu’à 67 ans, je commence une carrière de dictateur ! ».
Sur la frequence télévisée de l’ORTF, le président de Gaulle donne sa version de Mai 68 à Michel Droit
Après une dernière tentative de referendum régional, il s’exile de nouveau à Colombey les Deux Eglises. Homme de voyage, il consacre ses dernières heures de vies à écrire ses mémoires. Le 09 novembre 1970 à 19h30, Charles de Gaulle s’éteint brutalement. Dans la plus grande intimité, ses funérailles ont lieux en présence de ses fidèles pendant qu’à Paris une cérémonie est organisée en présence des grands chefs d’états.
La dépouille du » Grand Charles » est transféré au cimetière de Colombey par douze jeunes adolescents du village
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À lire :
- Charles de Gaulle, de Franck Segretain, ed. Fleurus, 2010, 17€
- De Gaulle (1890-2010), de Yves Viens, ed. Brun,2007, 20€
À voir :
- Paris Brule-t-il ?, avec K.Douglas et Y.Montand, de René Clement (1971)
- Le Grand Charles, avec B.Farcy et P.Chesnais,de Bernard Stora (2006)
