L’Indochine, richesse culturelle du bassin sud-est asiatique, au lendemain de sa guerre d’Indépendance contre les Français de 1946 à 1954, est divisée en quatre contrées : le Laos, le Cambodge, la République du Sud Vietnam et la République Nord Vietnam. Cette nouvelle contrée, voit naître un affrontement idéologique entre les communistes Nord-vietnamiens de Hô Chi Minh et les libéraux Sud-vietnamiens de Nguyễn Văn Thiệu. L’instauration de la 17e Parallèle établie pour prévenir la menace communiste et les élections forcées au Sud Vietnam par les États-Unis va précipiter cette inéluctable guerre.
AU BORD DU GOUFFRE
Déclenché le 1er novembre 1955, ensanglanté pendant une vingtaine d’années, le Vietnam au cœur de la « Détente » géopolitique, va connaître l’une des crises la plus grave de son existence. Face à l’acquisition massive d’armes, du côté du Front National de Libération du Nord Vietnam (FNL), l’Amérique s’engage publiquement dans ce conflit qui deviendra par la suite, sa plus grande défaite de l’Histoire. Formés dans la précipitation à Parris Island en Caroline du Sud, les jeunes Américains incorporés dans le prestigieux corps des Marines, vont devoir réguler l’escalade communiste au Vietnam.
▲ Hô Chi Minh et N’Guyen Van Thieu, deux leaders historiques du bourbier vietnamien (©️DR)
De manière indirecte, le FNL organise attentats et tunnels souterrains tel celui de Củ Chi, nécessaire à la désorganisation logistique des forces pro-américaines. Pour paralyser les réseaux de guérilleros Viet Minh, les forces anticommunistes, optent pour une politique de terre brûlée, comme l’attestent les nombreux bombardements au napalm sur les rizières et parcelles agricoles, nécessaires aux ravitaillements des hommes de Hô Chi Minh. Dans la boue et l’humidité des forêts tropicales, les Marines lourdement équipés et armés du très fameux fusil d’assaut M-16, s’embourbent dans le conflit en ratissant mètre après mètres, les parcelles de cette terre semée d’embûches. Les Américains réduisent ce pays en un brasier sanglant aux moyens de bangalores, lance flammes et autres véhicules blindés comme l’indiquent les 7,08 millions de tonnes de bombes larguées sur ce pays en une vingtaine d’années. En comparaison, quatre fois plus que pendant la Seconde Guerre mondiale. La symbolique du conflit, s’ancre dans une opération célèbre, enclenchée le 31 janvier 1968, par l’armée régulière Nord Vietnam et les commandos Viet Minh, lors de la fête nationale du Têt !
▲ Souvenirs de guerre d’un Marines après la chute de Khe Sanh (©️DR)
VIVE LA FÊTE DU TÊT
▲ Le Général Giap, stratège et héros immortel de la Guerre (©️DR)
Les assaillants surgis de la nuit, attaquent une centaine de villes du Sud Vietnam, dont Saigon, la capitale. L’ambassade américaine est attaquée, une prise d’otages a lieu et celle-ci se règle dans le sang. Les bases militaires américaines sont également ciblées et résistent tant bien que mal à ces assauts nocturnes. Les forces de Võ Nguyen Giáp paralysent le conflit, mais n’obtiennent pas le ralliement escompté du Sud après le sacrifice de 3.000 combattants. Le Têt, prend l’ampleur de deux longues années. La rapidité d’exécution américaine et la pénible reformation des troupes du FNL entraînent la multiplication des bastions de résistance. À Hamo, les Américains mettent dix jours avant de pénétrer dans la ville. À Huê, les Marines épaulés de chars Patton M-48, découvrent une ville transformée en une véritable citadelle. Estimés à 10.000, les combattants de Ngo Quang Truong livrent une féroce résistance, face à l’envahisseur. Les Américains lourdement armés passent trente jours à réduire un à un les bastions ennemis. Éparpillés dans les ruelles mortifères, les Marines doivent composer avec les fréquentes attaques de snipers, présents dans le centre de la ville. Dans la brume de l’orage et de l’acier, on découvre les corps de 11.737 victimes, américaines et vietnamiennes confondues. À Khe Sanh, camp fortifié sur un piton rocheux, les Vietnamiens sont bombardés par les forces du général Westmorland. L’attaque est très médiatisée. Se félicitant à une comparaison de Dien Bien Phû, Westmorland, favorisent les duels d’artillerie et les ponts aériens, menés de front par les B-52. Ligne de front sanglante, Khe Sanh cause la mort de 4.000 combattants, pour une avancée inaboutie.
▲ Icône culturelle et médiatique, la patrouille du GI’s Américaines dans les rizières vietnamiennes, un contraste fort entre guerre et paix (©️DR)
Désillusion collective pour les Américains, Johnson puis Nixon ont pour but de percer le front. Ils décident alors de l’étendre au Cambodge qui devient par la suite, le théâtre d’affrontements de type guerre civile. Boucherie sanglante et sans nom, la médiatisation du conflit, va susciter une indignation générale comme l’atteste la célèbre mais tragique photo du reporter Nick Ut, lauréat du World Press Photo 1972, montrant un enfant terrorisé et souffrant de graves brûlures au napalm. Partout sur le sol Étasunien, des mouvements pacifistes protestent contre la guerre du Vietnam. Cette contestation « Peace and Love », de la génération hippie, habillée flashy, adepte de cheveux longs et consommatrice de produits naturels prend de l’importance lors de la manifestation de Washington, immortalisée par la comédie dramatique Forrest Gump. Le tournant des années 70, marque l’intensification des massacres de civils comme celui de Dak Son avec ses 252 victimes et aussi la mise en place d’une nouvelle arme côté allié le jet furtif A-37 Dragonfly diffuseur de l’agent orange pour contrer l’expansion du communisme.
▲ À couvert ! L’ennemi Vietcong attaque. Des Marines aux abois dans l’enfer de la bataille d’Hamburger Hill (©️DR)
MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE
▲ Pour la paix et la réconciliation des peuples dans le monde (©️DR)
Les stars les plus célèbres des Etats-Unis prennent publiquement parti contre cette guerre inutile tel le boxeur Mohamed Ali qui boycotte son service militaire et le chanteur Jimi Hendrix qui lors du festival de Woodstock en 1969, reprend l’hymne américain en y rajoutant des bruits de bombes. La guerre s’achève avec la Chute de Saigon le 30 avril 1975, conquise par les forces du Nord, lourdement équipées et très disciplinées. Guerre coûteuse et la plus humiliante de l’histoire des États-Unis, l’histoire retiendra l’image des Boat-people fuyant la menace communiste sur les eaux risquées de la mer de Chine, en vue d’un monde nouveau, libre et égalitaire.
▲ Conflit de générations. le Vietnam, un affrontement où l’appartenance à la race humaine fut mis à rude épreuve ! (©️DR)
L’INFO + : Conflit dramatique et sanglant, la guerre du Viêtnam a révélé au grand jour l’influence des médias sur l’opinion publique. Devenu, entre autres, un symbole politique de la Guerre Froide ou une icône de la Pop Culture moderne, le bourbier vietnamien marquera à jamais un tournant sur l’importance du photo-journalisme en temps de guerre.