Il s’est éteint dans l’intimité et la tranquillité de sa maison. Le chanteur Charles Aznavour est décédé dans l’après-midi du 1er octobre. L’annonce du décès du mélomane a été officialisée, ce lundi, par ses attachées de presse via un communiqué officiel à l’AFP. Une riche carrière couronnée de joie et de tristesse, à l’image de la vie de l’homme, enivrante.
Véritable icône de la variété française, le tendre chansonnier, Charles Aznavour s’est éteint ce lundi, à l’âge de 94 ans. Un artiste respecté, dans le paysage culturel et médiatique international qui laisse derrière lui, des générations de fans sublimés par la beauté de ses mélodies entraînantes. De La Bohème à Emmenez-moi, c’est plus de quatre-vingts ans d’une riche carrière que ce départ tragique mais héroïque honore pour la dernière tournée du grand ponte de la Pop française.
Un départ aussi tragique que lyrique pour ce monstre de scène, qui après soixante ans d’une carrière bien remplie se retire par la grande porte. Avec sa dernière tournée de représentations à Bercy, Aznavour livre à ce public si fidèle et passionné son ultime concerto. Auteur, compositeur et interprète, la voix nasillarde et le physique frêle du « Frank Sinatra français » accompagnent plus de 1300 mélodies, toutes plus poignantes les unes que les autres. 
Aux origines du mythe
Né en 1924 à Paris, le jeune Charles Aznavour de son vrai nom Shahnourh Varinag Aznavourian grandit avec l’amour de sa famille Arménienne. Très vite, il se passionne pour les arts du spectacle et entame une carrière de comédien. Jeune artiste en devenir, sa carrière ne démarre pas sous les meilleures auspices. On lui reproche la froideur de son timbre de voix, son manque de présence physique et la pauvreté de ses compositions musicales. Son expérience de la rue, l’encourage à persévérer malgré les critiques.
Le jour de gloire arrive le 12 décembre 1960. Dans la salle de spectacle de l’Alhambra, le titi Parisien chante devant un public en transe, la première version Je m’voyais déjà. Le succès est au rendez-vous et sa carrière décolle. Ironie de l’histoire, cette chanson raconte la vie d’un artiste dont le succès n’est pas au rendez-vous. De succès en succès, il cumule les écritures des plus grands chanteurs de son temps tels Édith Piaf, Maurice Chevalier et Gilbert Bécaud. Une gloire naissante l’emmène au bout de la scène.
Consécrations musicales
18 disques d’or, victoire de la musique de l’artiste interprète masculin en 1997, 180 millions de disques vendus, les impressionnantes statistiques musicales d’Aznavour sont révélatrices de l’importance du rôle du chanteur dans la renommée de la variété Française. Tantôt comique, tantôt taciturne, l’homme aux 600 tournées et aux 7000 concerts a su conquérir le coeur d’un public à son image, populaire et familial. Une star iconique de la chanson française qui partout où il passe réussi à émouvoir les foules.
Elton John, Céline Dion, Johnny Hallyday ou Sting, « Monsieur Aznavour » a côtoyer au fil de sa carrière les plus grands noms de la musique. Cet artiste hétéroclite a toujours su se réinventer en adaptant son style aux tendances de son temps, avec des symphonies à succès comme Hier encore (1964), La Bohème (1965) et Emmenez-moi (1967). Entré dans la légende de la musique française grâce à sa gentillesse légendaire, Charles Azenavour restera comme le seul artiste à réunir plus de 100 000 spectateurs à chacune de ses tournées.
L’héritage Aznavour
Amis chanteurs comme Enrico Macias ou Michel Fugain, confrères de l’acting tels Jean-Paul Belmondo et Laurent Gerra, la mort de Charles Aznavour laisse un grand vide dans le coeur de ces derniers. Ce départ du dernier « grand » chanteur français attriste une génération de fans longtemps bercés par les paroles éloquentes de celui-ci. Quatre-vingts ans de carrière marqués par quatre-vingts rôles cultes sur grand écran, de justicier timide et solitaire dans
Tirez sur le pianiste, à légionnaire antimilitariste dans
Un Taxi pour Tobrouk et plus récemment pour Disney, en interprétant un vieillard grincheux et antipathique dans le film d’animation
Là-haut.
Sa tournée au Japon, fin septembre, est la dernière représentation officielle de l’ambassadeur itinérant d’Arménie auprès de l’Unesco qui a pu à cette occasion, communié une dernière fois avec son public. Une aura populaire, toujours intact dans l’au-delà, pour notre « Grand Charles », toujours reconnaissable à sa dégaine de petit parigo au coeur d’or. Reposez en paix monsieur Aznavour …
M.C.
