Pendant neuf heures, ils ont lutté. La destinée de la cathédrale était entre leurs mains. Ce 14 avril 2019, n’écoutant que leur courages, les militaires de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris ont sauvé la cathédrale Notre-Dame du péril des flammes. Récit.
Il est 18 h45, ce 15 avril, quand une épaisse fumée noire s’élève de la toiture de l’édifice religieux. Rassemblés aux abords de la cathédrale, Parisiens et touristes assistent impuissants à ce funeste spectacle. Personne ne veut y croire. Pourtant, Notre-Dame de Paris est en feu. Dans les cinq minutes suivant le départ d’incendie, les premiers engins de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris (BSPP) se présentent aux portes de la cathédrale. Devant l’ampleur de la situation, les opérateurs du centre opérationnel dépêchent sur place une première force d’intervention. La tension monte.
« L’intervention sera longue et difficile … »
Les premiers pompiers arrivés sur zone déploient leurs lances à incendie pour enrayer la propagation des flammes. Le commandant en second de la BSPP et chef des opérations de secours, le général Jean-Marie Gontier décide de diviser l’intervention en quatre secteurs opérationnels. « Une de mes premières actions lorsque j’ai vu la difficulté que j’ai eu pour arriver sur intervention et étant donné les moyens massifs à venir, a été de demander à ce que les axes logistiques soient libérés. Les engins devaient pouvoir passer », nous a confié le général Gontier. Deux enjeux se dessinent clairement : préserver le bâtiment et les oeuvres inestimables de la cathédrale. Chaque sapeur-pompier sait que l’intervention sera longue et difficile.
Il faut sauver les tours : une mission périlleuse pour les pompiers
19 h15. La flèche de Viollet-le-Duc est en proie aux flammes. Le plomb de la flèche commence à fondre au-dessus du transept. Devant l’ampleur du feu de toiture, le général Gontier donne l’ordre à ses pompiers de pénétrer dans le bâtiment. Un détachement d’une dizaine d’hommes, dont fait partie le père Jean-Marc, aumônier de la BSPP, est chargé de sauver les reliques de Notre-Dame. La mission est risquée.
Le plomb en fusion tombe sur le sol. L’opacité de la fumée réduit le champs de vision des pompiers. Ils sauvent in-extremis certains précieux trésors de la cathédrale, tels la sainte-couronne d’épines du Christ et la tunique de Saint-Louis. De nombreux objets sacrés et oeuvres d’art seront évacués dans la soirée et mis en sécurité à l’Hôtel de Ville. Quelques minutes après ce sauvetage héroïque, l’imposante flèche s’effondre.
« J’ai immédiatement saisi les difficultés auxquelles nous allions êtres confrontées, avant de pouvoir mener la manoeuvre de nos lances. »
La mission se complique pour les soldats du feu. La chute de la flèche fragilise grandement la structure architecturale. Les 600 militaires mobilisés doivent redoubler d’effort pour sauver la cathédrale. 21 lances à incendie perchées sur des bras élévateurs d’une cinquantaine de mètre interviennent sur la toiture. Les hommes font face à des vents contraires qui ralentissent la progression.
Vers 21 heures, le feu se propage dangereusement en direction des deux tours. L’objectif est désormais de sauvegarder cette façade contenant le bourdon de la cathédrale, la rosace centrale et le grand orgue. Plusieurs équipes sont engagées dans la tour Nord. À tout instant, la structure peut s’effondrer. Dans une lutte acharnée, les équipes du lieutenant Alexis attaquent les foyers les plus virulents et parviennent à endiguer la propagation des flammes. Il nous confie, « j’ai immédiatement saisi les difficultés auxquelles nous allions êtres confrontées (…) Nous nous sommes relayés pour parfaire l’extinction, découpés certaines parties du bois de la charpente, à l’aide du camion de désincarcération, avant de pouvoir mener la manoeuvre de nos lances. »
« Feu éteint » : Les pompiers évitent la disparition de Notre-Dame
La bonne nouvelle arrive à 21 h 45. Les différents comptes-rendus des chefs de secteurs mentionnent que la bataille pour sauver les deux tours est quasiment gagnée. Cela fait plus de cinq heures que 600 sapeurs-pompiers de Paris sont engagés contre les flammes. Les lances à eau continuent de protéger une partie de la toiture. Le feu baisse en intensité et sa maîtrise est assurée.
« 600 sapeurs-pompiers de Paris sont engagés contre les flammes. »
À 22 h 30, il est considéré comme circonscrit et ne laisse plus apparaître que trois foyers distincts. La sauvetage s’est joué au quart d’heure près. Le verdict tombe vers deux heures du matin. Le centre opérationnel entend le message « feu éteint ». Notre-Dame est sauvée.
Un déploiement de huit lances à incendie manoeuvre encore par intermittence sur les quatre secteurs touchés. Le dispositif de surveillance est assuré jusqu’au lendemain matin. Sous les caméras du monde entier et dans un contexte particulier, les opérateurs de la BSPP ont montré leur résilience, leur humilité et leur héroïsme.
▶︎ Cet article a été réalisé en partenariat avec l’Armée de Terre.