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Au cœur de l'Histoire

Game of Thrones, de la Fantasy pas fantaisiste

Célèbre saga littéraire à succès, Game of Thrones offre au fil de ses épisodes de nombreuses références historiques, souvent méconnues du grand public.

Après deux ans d’attente, la sérié télévisée touche à sa fin dans la huitième et ultime saison. Créé en 1996 par l’auteur américain George R. R. Martin, l’univers fantastique du royaume des Sept Couronnes puise son inspiration dans l’Histoire. Décryptage du phénomène « Trône de Fer », une épopée médiévale unique, aussi tragique que palpitante.

Un Game of Thrones français aux origines de l’œuvre 

George R. R. Martin très influencé par l’œuvre de Maurice Druon, s’inspire librement des Roi Maudits, publiés entre 1955 et 1977. Cette fresque historique en sept volumes aborde les querelles de pouvoir et autres rivalités princières dans le royaume de France du XIVe siècle sous le règne de Philippe le Bel et de ses fils, les trois derniers Capétiens directs.

Selon Maurice Druon, la lignée aurait été maudite par le dernier grand maître de l’Ordre du Temple Jacques de Molay, sur son bûcher. Un arrière-plan littéraire idéal pour le créateur du Trône de Fer, qui implante son royaume de Westeros et les rivalités de ses grandes maisons seigneuriales (Stark, Lannister, Targaryen…) sur fond de guerre de Cent Ans.

Un monde imaginaire pas si éloigné de notre réalité

Westeros et Essos constituent les terres connues du monde des Sept Couronnes. Une étymologie simplifiée des directions géographiques Est et Ouest, selon les dires de l’auteur. Plus précisément le continent de Westeros est une représentation inversée du Royaume-Uni et des états européens voisins.

Avec des espaces assimilables comme Winterfell et l’Écosse, Malte et Port-Réal, ou l’Islande avec les Iles de Fer, Game of Thrones se réapproprie avec légèreté les contours de notre monde moderne, pour bâtir son intrigue fantaisiste.

York et Lancastre, même combat !

À l’image des nobles familles britanniques York et Lancastre, qui se disputent la couronne d’Angleterre entre 1455 et 1485, dans la guerre civile des Deux-Roses, Stark et Lannister se déchirent pour le royaume de Westeros. Un conflit engagé en 1377 après la mort sans hériter du Roi Edouard III. Deux prétendants au trône s’affrontent. Richard Plantagenêt, duc d’York dont l’emblème est la rose blanche et Henry de Lancastre, futur Henry VI, dont l’emblème est la rose rouge. Ces deux familles rivales s’affrontent dans des batailles toujours plus sanglantes, comme à Blore Heath (1459), Wakefield (1460) ou Saint-Albans (en 1455 et 1461), à l’origine de près de 300 000 morts à travers tout le royaume.

Sur fond de pillages – destruction de la ville de Ludlow par l’armée Lancastrienne en 1459 – et d’assassinats – exécutions des deux jeunes frères de la Maison d’York, Edouard V et Richard de Shrewsbury en 1483 -, la Guerre des Deux-Roses voit la victoire finale des Lancastre lors de la bataille de Bosworth avec le couronnement du roi Henry VII Tudor en 1485 et son mariage avec Élisabeth d’York. Un contexte qui a sans douté inspiré l’arrivée au pouvoir des Lannister à la mort du roi Robert Baratheon sur King’s Landing et la répression exercée contre les hommes d’Eddard Stark,  à l’origine du déclenchement de la « guerre des Cinq Rois ».

Le Mur, dernière frontière du monde connu

Muraille enchantée protégeant le Royaume de Westeros de la menace des Marcheurs Blancs, « le Mur » s’inspire directement du Mur d’Hadrien en Grande-Bretagne. Construit en 122 apr. J.-C. par les légions romaines de l’Empereur, sa principale mission était de faire régner l’ordre sur la zone sud de Britannia. Tout comme dans Game of Thrones, les troupes stationnées au Mur, devaient protéger l’arrière-pays des invasions Pictes et Saxonnes. Long de 120 km, haut de dix mètres, cet édifice militaire de défense, assurait également un rôle logistique sur la taxation des produits importés.

Tout comme les soldats de l’Empire romain, George R. R. Martin a voulu faire ressentir à sa Garde de Nuit cette crainte de l’envahisseur : « J’ai essayé de m’imaginer ce que pouvait ressentir un soldat romain… regarder au loin, sans savoir ce qui pouvait surgir de la forêt. […] Qu’est-ce qui va surgir de derrière ce mur pour t’attaquer ? Ce fut un moment très profond qui éveilla quelque chose dans mon imagination. »

Constantinople, l’autre bataille de la Néra

Scène iconique de la saison 2, la bataille de Blackwater Bay marque un tournant dans la guerre de succession pour le trône de Fer. Assiégés dans Port-Réal par la flotte d’invasion de Stannis Baratheon, Tyrion Lannister et ses hommes ont recours au feu grégeois pour annihiler leur adversaire et sauver la ville.

Il est utilisé en 717 lors du siège de Constantinople pour repousser l’assaut des arabes du Califat omeyyade. Sur ordre du Khan des Bulgares Tervel, venu avec ses hommes à la rescousse de l’Empire byzantin, plusieurs centaines d’embarcations légères de trois ou quatre soldats sont dépêchées pour repousser l’armada.

La marche de la honte de Jane Shore

Conspuée et accusée d’adultère, la reine-mère Cersei Lannister fait pénitence avec sa « marche de la honte» dans les rues de Port-Réal, pour expier ses pêchés. Une scène jubilatoire pour les lecteurs de la série, dont l’auteur s’est directement inspiré de la « Walk of Shame » de Jane Shore en 1513.

Sulfureuse courtisane de la Cour d’Angleterre, l’ancienne maîtresse d’Edouard IV est condamnée à la prison à vie sur ordre du roi Richard III, en raison de son attitude libertine avec certains nobles du royaume. Contrainte à faire pénitence, celle-ci parcourt en robe de bure, les rues de Londres sous les brimades injurieuses de la foule. En prison, elle rencontre Thomas Lynom, notaire général pour l’Angleterre et le Pays de Galles, avec qui elle passera le restant de ses jours.

Le « Black Dinner » des Douglas

Robb et Catelyn Stark trahis, assassinés et agonisant avec leurs propres gens, dans le château de l’infâme Walder Frey : la tragique scène des « noces pourpres » est le moment le plus dramatique de la saison 3. Un événement traumatisant pour les fans de lasérie, inspiré d’un fait historique beaucoup plus sanglant, le « Black Dinner » de 1440. En pleine crise de succession à la couronne d’Écosse, la régence du royaume est assurée par les notables du clan Douglas. Un rival encombrant dont compte bien se séparer le duc Jacques de Rothesay, héritier légitime et prétendant naturel au trône d’Écosse.

À la mort d’Archibald Douglas, protecteur du Royaume, l’ambitieux fils de Jacques Ier compte bien se séparer de cette encombrante famille. Conviés au dîner royal de Jacques II, les deux fils Douglas, William et David se présentent le 24 novembre 1440, à Blackness, demeure de Sir William Crichton gouverneur d’Edimbourg. L’hôte convivial et accueillant propose en guise de dessert, un plat recouvert d’une cloche en or. William est pétri d’effroi lorsqu’il découvre le mystérieux présent, une tête de taureau noir -symbole païen de la Mort-.

Les deux jeunes frères sont alors battus à mort par la garde du Roi et décapités sur le champ. Leur escorte est quant à elle massacrée sur place. Les corps des héritiers Douglas termineront éparpillés aux quatre coins du pays. Un massacre qui en annonce un autre tout aussi cruel, lorsque 250 plus tard, vers 1692, la famille Campbell extermine à Glencoe au nom de la couronne d’Angleterre, les jacobites du clan MacDonald.

Le méli-mélo guerrier de la bataille des Bâtards

Evénement marquant de la saison 6, la bataille des Bâtards qui voit la victoire dans le Nord de l’armée de Jon Snow sur celle du félon Ramsay Bolton, marque un tournant dans l’intrigue de la série. Épique, glorieux, implacable, cet affrontement qui ravit tous les amateurs du show, tire son esthétisme visuel d’un grand nombre d’éléments de réels champs de bataille.

Dès l’entame du combat, la maison Bolton écrase par l’imposante force de frappe de sa cavalerie et de son archerie les premières lignes des rebelles, comme le fit avant lui Hannibal à la bataille de Cannes. La stratégie mise en place par Ramsay pour écraser la résistance des Stark, n’est pas s’en rappeler les méthodes de combat des légionnaires romains de César.

Un affrontement âpre et violent, qui touche à son paroxysme avec les combats au corps à corps comme au temps de la guerre de Cent  Ans, entre les Sauvageons de Lord Snow et les mercenaires du cruel Ramsay. Une bataille d’anthologie immortalisée par l’amoncellement des cadavres, rappelant celui de la bataille de Gettysburg (1863) pendant la Guerre de Sécession. Un choc guerrier conclut en apothéose par la charge finale des chevaliers du Val, rappelant les grandes heures de la chevalerie française.

M.C.

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