La superstar des poilus, c’est lui. Albert Roche. Un gringalet que ni les obus, ni les balles de mitrailleuses n’arrêtent. Albert Roche, c’est l’histoire du type ou ce qui ne le tue pas, le rend plus fort. Un héros des tranchées pas comme les autres, à l’histoire ô combien rocambolesque.
Albert Roche, le Rambo des tranchées
Il n’a fait aucune grande école militaire. Il n’a jamais pavoisé sur ses faits d’armes. Il n’a jamais non plus fait preuve d’un esprit conciliant. Albert Roche est un modeste paysan qui cherche désespérément à fuir la vie de la ferme. Depuis son enfance, le jeune Albert se prête d’admiration pour le métier des armes. Pourtant, son physique peu avantageux et sa petite taille ne l’aide pas intégrer les rangs de l’armée. Lorsque éclate le premier conflit mondial, en août 1914, il fuit sa famille et profite de l’occasion pour s’engager. Là, où de nombreux camarades vont à reculons sur le champ de bataille, lui y va en courant.
Envoyé en formation du camp d’Alban (Tarn), dans le 30e bataillon de Chasseurs, l’incorporation d’Albert est catastrophique. En conflit avec son officier formateur, peu apprécié de ses camarades et raillé pour sa taille, le soldat Roche déserte.
Rattrapé et envoyé devant une cour martiale, il profite de l’occasion pour dire à ses juges : « « Les mauvais soldats, on les expédie là-haut, et moi je veux aller où l’on se bat. » Albert est servi puisqu’il est envoyé en première ligne, sur la ligne de front de l’Aisne. C’est avec les célèbres « diables bleus » du 27e bataillon de chasseur alpins que naît la légende du premier soldat de France.
Albert Roche, premier soldat de France
3 juillet 1915. Albert Roche neutralise un nid de mitrailleuses allemandes à coups de grenades et capture huit prisonniers ennemis. Une action coup de poing dont seul Albert à le secret. En octobre, de la même année, alors présent sur la ligne de front alsacienne, son unité subit un violent bombardement. Dans sa tranchée, Albert est le seul survivant.
Alors que les Allemands chargent à la baïonnette, il use de la ruse pour faire reculer l’ennemi. Réunissant sur le parapet de la tranchée, l’ensemble des fusils de ses compagnons morts, il tire l’ensemble des cartouches et courts, de bout en bout du boyau, pour faire croire à une riposte de masse. La supercherie se révèle gagnante puisque les Allemands battent en retraite. Un an plus tard, alors prisonnier avec son lieutenant, il se saisit d’un pistolet abat ses geôliers et s’empare de la casemate. Une belle prise de guerre qu’il accompagne de 42 malheureux prisonniers ennemis.
En 1917, Albert Roche participe à la bataille du Chemin des Dames. Prise dans l’enfer de l’offensive Nivelle, l’unité de Roche bat en retraite et abandonne son capitaine dans le no man’s land. Albert, lui, ne fuit pas. Il rampe pendant six heures, jusqu’à la tranchée allemande pour sauver son capitaine, tombé dans le coma. Il met ensuite quatre heures pour retrouver ses positions. Épuisé après un tel acte de courage, il s’assoupit au poste de garde.
Une patrouille le découvre endormi et l’arrête pour désertion. Jugé sommairement, il fait face au peloton d’exécution. Il écrit à son père et confie, « dans une heure, je serais fusillé, mais je t’assure que je suis innocent. » Il échappe de peu à la mort, grâce au témoignage de son capitaine reconnaissant. À 23 ans, Albert Roche est le soldat le plus honoré par l’armée française. 9 blessures reçues sur le front, 1180 ennemis capturés, décoré de la croix de la Légion d’honneur, de la Médaille militaire, Croix de guerre, Albert Roche est un héros parmi les héros. Il est même présent à la cérémonie du choix du soldat inconnu, où il fait partie de l’escorte officielle jusqu’à Paris. 23 novembre 1918, son courage inspire le généralissime Foch qui le nomme premier soldat de France et fait de lui le libérateur de Strasbourg : « Alsaciens, je vous présente votre libérateur Albert Roche. C’est le premier soldat de France ! ».
M.C.