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Provence – Août 44 : Combats sur la Riviera

Dans l’ombre d’Overlord, le débarquement de Provence marque un tournant dans la Libération du territoire français. À l’été 44, cette offensive des Alliés en « Zone Libre » permet une rupture des opérations Nazies en Normandie. Coordonnée depuis Casablanca, l’opération Dragoon conduite par le maréchal de Lattre de Tassigny apporte un nouveau souffle libérateur dans cette guerre maudite. En ce 15 août 1944, l’armée française va libérer le Sud et redonner espoir à tout un peuple.    

Ils s’appellent Jean-Pierre Sorensen, Pierre Velsch et Alain Mimoun : dans les barges qui les conduisent sur la Côte des Maures, les jeunes combattants de l’Armée d’Afrique trépignent d’impatience à l’idée de fouler le pied sur le sol français. Après quatre années d’exil et de combats acharnés dans le Désert libyen, les forces terrestres de la France Libre vont enfin retournées au pays.

Planifiée en décembre 1943 à Casablanca, l’opération Anvil Dragoon doit appuyer la tête de pont américaine en Normandie. Mobilisant près de 350 000 hommes, dont trois divisions américaines et deux bataillons français de la 1re DB et du 2e DIM, la Force K.O.D.A.K doit neutraliser la forteresse de Toulon et sécuriser l’accès à la Route Nationale 7. Un assaut stratégique dans le sud-est de la France, qui doit permettre de soutenir les avancées de l’Opération Overlord en coupant les voies d’approvisionnements des poches du Mur de l’Atlantique.

Partie des ports alliés de la Méditerranée comme Naples, Alger ou Brindisi, la gigantesque armada s’apprête à engager un nouveau front en Europe.«Nous étions préparés pour un débarquement. On ne nous disait pas où nous allions aller demain ou après demain. Non. On nous donnait notre destination en haute mer. » confie le vétéran Benyoucef Makarni, jeune tirailleur algérien débarqué sur les rayonnantes plages de Provence ce sinistre 15 août 1944.                     

Cap au Sud

À l’aube du 15 août, 300 planeurs Waco sont largués au dessus de la Provence. À l’intérieur des embarcations, 5000 parachutistes de la 1ère Division Aéroportée commandée par le général Robert T. Frederik. Leur mission : Couper les lignes ennemis entre Fréjus et Saint-Raphaël, puis sécuriser la Drop Zone de la Plaine de La Motte en neutralisant les batteries adverses.

Au matin 2000 navires de la flotte d’invasion aéronavale K.O.D.A.K bombardent la côte varoise sur près de soixante-dix kilomètres. Dans les barges qui les conduisent aux plages de Provence, les soldats F.F.L sont tiraillés entre l’impatience et l’angoisse, à l’idée de refouler le sol de France. « Je ne regrette rien parce que j’ai bien travaillé et je suis content d’avoir bien combattu et défendu la France avec mon corps et mon sang. » se remémore avec courage Abdelaziz Ayari, fantassin du 9e DIC. Au petit matin, alors que la brise marine effleure les casques des soldats, le groupe de débarquement sur les plages se divise en sept vagues d’assauts distinctes : Roméo, Garbo, Alpha, Delta, Camel, Rosie et Sitka.

L’assaut de cette dernière est conduite par des commandos  américano-canadiens du 1er Détachement du service spécial qui doivent prendre les batteries côtières de l’île d’Hyères. Malgré une armée allemande en sous-effectif, les soldats Osttrupen de la 11e PanzerDivision défendent avec fureur la plage de Saint-Raphaël. Les combats font rage, mais les valeureux GI’s américains de la 36e Division réussissent à prendre position sur Camel Beach. Au soir du 15 août, la ligne de front entre Cavalaire et Saint-Tropez est sécurisée par la 1re DB du général du Vigier.  

Marseille libéré !

Soutenue dans l’ombre par les maquis provençaux, l’armée Alliée avance rapidement derrière les lignes ennemies. Le 16 août, Draguignan est libérée par les hommes du 551e bataillon d’infanterie américain. Le rouleau compresseur allié fond sur la Provence et réduit à néant les poches de résistances allemandes. L’armée française s’illustre notamment lors des durs combats de la bataille de Montélimar, du 17 au 29 août 1944. Une progression rapide le long du Rhône, qui permet de ralentir l’acheminement de troupes ennemies vers la Normandie. Sainte-Maxime, Aix-En-Provence,Cuers, en moins de deux semaines le Var est libéré du joug Nazi.

« Nous avons vécu des moments forts avec les habitants. À tel point, qu’un fermier m’a demandé de sabrer le champagne chez lui. Ça faisait longtemps que je n’en avais pas bu. (…) Pour moi, cette coupe gardera le parfum de la victoire. », raconte avec émotion le tankiste René Pigois. La rapide progression des forces franco-américaines dans le Sud permet de contourner les défenses de l’avant-garde allemandes et de couper les liaisons stratégique entre les deux quartiers-généraux de Toulon et de Marseille.

Dès le 20 août, les éléments de la 9e Division d’Infanterie Coloniale et de 1re Division Blindée s’amassent aux portes de la forteresse de Toulon. Les hommes du maréchal de Lattre de Tassigny engagent le combat mais font face à la résistance acharnée de la 11e PanzerDivision. Les assauts à la mitraille et aux grenades sont intenses entre les tirailleurs marocains et les artilleurs allemands. Le port tombe aux mains de l’armée française le 24 août, après quatre jours d’une lutte infernale.

Du côté de Marseille, les Spahis algériens après avoir réduit au silence la garnison d’Aubagne, encerclent la cité phocéenne. Sous le commandement du général de Goislard de Monsabert, 12 000 soldats de l’Infanterie Coloniale pénètrent dans la ville. Ils font face à la 244e Division qui défend solidement la ville. Appuyée par les contingents FFI-FTPF, les soldats algériens s’emparent progressivement des points névralgiques de l’agglomération marseillaise, comme la gare Saint-Charles puis la colline de Notre-Dame-de-la-Garde. Marseille se libère 28 août : Son port va ainsi permettre de desservir encore plus rapidement le matériel et les hommes.                                      

Les sentiers de la Victoire

Au bout d’une trentaine de jours de combats, 325 000 soldats sont débarqués sur le littoral varois. 9800 périrent au cours de l’Opération Dragoon. Un assaut héroïque qui en à peine un mois permit de libérer la moitié du territoire national. Unis dans un même combat, le courage et la détermination des 260 000 tirailleurs de l’Armée « B » d’Afrique souffla à la France une nouvelle  ère de tolérance et de fraternité.

Aujourd’hui, le souvenir de ces courageux héros Indigènes subsiste par l’intermédiaire du Mémorial du Mont Faron, haut lieux de mémoire consacré à l’Armée B du maréchal Jean de Lattre de Tassigny. Une funeste période dont se souvient encore Jean Massoni : « Ils étaient la jeunesse du monde. Après les années noires de l’occupation allemande, […], c’était le soleil et le grand bonheur de la Liberté… ». 

M.C. 

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